jeudi 9 août 2012

Déclaration de Paix - Ville de Nagasaki 9 août 2012

Traduction officielle par la ville de Nagasaki. Version originale (japonais) et version française disponibles sur le site de la ville de Nagasaki (clic)
La guerre, constante de notre histoire, illustre la bêtise humaine et certains actes, même lorsqu’ils sont commis dans une situation extrême, demeurent inadmissibles. Aujourd’hui, selon les droits internationaux de la personne, il est criminel de tuer des enfants et leurs mères, des civils, des soldats blessés ou capturés. De plus, il est strictement défendu d’utiliser des “armes inhumaines” soit des gaz toxiques, des armes biologiques, des mines antipersonnel, car ceux-ci sont considérés comme armes de destruction massive et peuvent également avoir un impact sérieux sur l’environnement.

Il était 11h02, le 9 août 1945 lorsqu’un bombardier américain a largué une bombe atomique sur la ville de Nagasaki. La chaleur dégagée par l’explosion de la bombe a carbonisé les corps humains, le souffle surpuissant a tordu les rails en acier et mutilé les corps, certains survivants ont vu leur peau partir en lambeaux après l’explosion, image d’une mère serrant contre elle le cadavre sans tête de son bébé. Ceux qui ne semblaient pas directement touchés par l’explosion ont tout de même fini par mourir les uns après les autres. Avant fin 1945, environ 74 000 personnes sont décédées et quelque 75 000 sont tombées malades. Les survivants sont aujourd’hui exposés à certaines maladies comme des cancers en raison de leur âge et des radiations auxquelles ils ont été exposés. Ils subissent encore les conséquences d’un bombardement qui a pourtant eu lieu il y a plus d’un demi-siècle.

Alors qu’elle provoque des destructions massives et engendre la souffrance éternelle des survivants, l’arme nucléaire existe encore sur notre planète. Pourquoi n’est-elle pas interdite?

En novembre dernier, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, témoin depuis longtemps des drames causés par les guerres, a pris la décision “d’entamer une démarche vers l’éradication totale des armes nucléaires”. Par ailleurs en mai dernier, lors du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui se tenait à Vienne, la plupart des pays participants ont mis en avant l’aspect inhumain des armes nucléaires. À travers une “déclaration collective sur l’aspect humain de la diminution du nombre d’armes nucléaires” émise par 16 pays, il apparaît que les armes nucléaires commencent à peine à être considérées comme inhumaines alors que les zones irradiées le clament depuis déjà longtemps.

lundi 6 août 2012

Déclaration de Paix - Ville d'Hiroshima 6 août 2012

Traduction française : AFCDRP/Maires pour la Paix France (traduction non-officielle depuis la version anglaise, version officielle en japonais disponible sur http://www.city.hiroshima.lg.jp/www/contents/0000000000000/1110537278566/index.html et version anglaise disponible sur http://www.city.hiroshima.lg.jp/www/contents/0000000000000/1343890585401/index.html).

le 6 août 2012 à Hiroshima.
Photo par la représentante de l'AFCDRP/Maires pour la Paix France

8h15, le 6 août 1945. Notre ville était réduite en cendres par une seule bombe atomique. Les maisons dans lesquelles nous rentrions chez nous, notre vie quotidienne, les coutumes que nous chérissions – tout avait disparu : « Hiroshima n’existait plus. La ville avait disparu. Plus de routes, juste une plaine de gravats brûlée aussi loin que je puisse voir et, malheureusement, je pouvais voir bien trop loin. J’ai suivi les lignes électriques tombées le long de ce que j’ai cru être les rails du tramway. Il faisait très chaud dans la rue du tram. La mort était partout. » C’était notre ville, vue par une jeune femme de vingt ans. C’était Hiroshima pour tous les survivants. Les festivals trépidants, les jeux dans les bateaux, la pêche et la chasse aux coquillages, les enfants attrapant des crevettes d’eau douce – un mode de vie avait disparu des berges de nos rivières.

Pire encore, la bombe avait emporté avec elle la vie si précieuse de tant d’êtres humains : « J’étais dans un camion de l’équipe de défense civile pour ramasser des corps. Je n’étais qu’un jeune garçon donc ils m’ont dit de saisir les chevilles. C’est ce que j’ai fait mais la peau s’est dérobée. Je ne pouvais pas m’accrocher. Je me suis armé de courage, ai serré fort avec mes doigts et la peau a commencé à suinter. Une puanteur atroce. J’ai serré jusqu’aux os. Après avoir compté jusqu’à trois, nous avons jeté le corps dans le camion. » Comme nous le voyons à travers l’expérience de ce garçon de 13 ans, notre ville était devenue un véritable enfer. Un nombre incalculable de cadavres était là, empilés les uns sur les autres, au milieu des gémissements des nourrissons tétaient le sein de leur mère morte pendant que des mères hébétées s’accrochaient à leur bébé mort.

Une jeune fille de 16 ans a perdu toute sa famille, les uns après les autres : « Mon frère âgé de 7 ans a été brûlé des pieds à la tête. Il est mort peu après le bombardement. Un mois plus tard, mes parents sont morts puis mon frère de 13 ans et ma sœur de 11 ans. Les seuls qui restaient, c’était moi et mon petit frère, qui avait trois ans, et il est mort plus tard du cancer. » Des nouveau-nés aux grands-mères, à la fin de l’année 140 000 vies précieuses ont été enlevées à Hiroshima.

Hiroshima a été plongée dans les ténèbres les plus profondes. Nos Hibakusha ont vécu le bombardement en chair et en os. Ils ont dû vivre avec les effets secondaires et la discrimination sociale. Et pourtant, ils ont rapidement commencé à partager avec le monde leur vécu. En dépassant la rancœur et la haine, ils ont révélé l’inhumanité absolue des armes atomiques et ont travaillé sans relâche pour abolir ces armes. Nous voulons que le monde entier connaisse leur détresse, leur chagrin, leurs souffrances et leur désir altruiste.

La moyenne d’âge des Hibakusha est maintenant supérieure à 78 ans. Cet été, en réponse à de nombreux citoyens ordinaires cherchant à apprendre et à transmettre l’expérience et le vœu des survivants, Hiroshima a commencé à former scrupuleusement des héritiers officiels des Hibakusha. Déterminés à ne jamais laisser les bombardements atomiques s’effacer de nos mémoires, nous avons l’intention de partager avec le plus de personnes possibles ici et à l’étranger le désir des Hibakusha pour un monde sans armes nucléaires.

Peuples du monde, en particulier dirigeants des états possédant l’arme nucléaire, venez à Hiroshima pour réfléchir à la paix dans cette ville atomisée !